Notre École

En tant qu'École traditionnelle, nous considérons que notre pratique ne se limite pas à l'aspect physique. Elle intègre des concepts philosophiques orientaux dont l'apprentissage dépasse les aspects historiques et théoriques. Utilisées dans les actions physiques et intellectuelles du pratiquant, ces philosophies sont dites « appliquées ».

Les principes du Pak-Mei

Le Pak-Mei est un style de Kung-Fu issu du système Shaolin et créé durant le XVIIIe siècle par le Grand Maître Pak Mei.

Issu du système Shaolin bouddhiste, faisant de lui un style externe ou WàiGōng (外功), le Pak-Mei a la particularité d'y inclure une part importante de taoïsme, lui octroyant également le titre de style interne ou NèiGōng (内功).

Pai Mei Pai Mei, personnage inspiré de Pak Mei dans le film Kill Bill vol2 (2004)

L'efficacité du Pak-Mei se fonde sur la combinaison du Yin et du Yang et des quatre Jìng à travers l'expression des animaux. Cette combinaison est amplifiée par la force interne. Les mouvements sont rapides, puissants et explosifs, générés en grande partie par le bas du dos et le DānTián (丹田).

Ci-dessous, nous détaillons certains aspects du Pak-Mei tantôt partagés par d'autres styles de Kung-Fu tantôt propres à notre style.

Le Tao

Le Dào (道), symbolisé par le Taì Jí Tú (太极图) [Prononcer Tail Tsi Tou], combinaison du Yīn (阴) et du Yáng (阳), est un principe très ancien issu du taoïsme. Il décrit le comportement du Yin par rapport au Yang et inversement, les deux parties étant opposées, indissociables l'une de l'autre, en constant rééquilibrage et contenues l'une dans l'autre.

Ces principes sont, parmi d'autres, une composante fondamentale de la médecine chinoise et des arts martiaux chinois.

Tao Emblème du Taì Jí Tú , comportant le yin (sombre) et le yang (clair)

Ainsi, un pratiquant de Kung-Fu doit maîtriser l'application du Yin et du Yang dans ses mouvements et ses intentions, se montrant capable de passer de la souplesse à la fermeté, de joindre vitesse et puissance, de rester flexible et solide à la fois ou encore d'adopter une position statique inébranlable.

Cette maîtrise peut s'étendre au-delà de la pratique du Kung-Fu et accompagner le pratiquant dans tous les domaines de sa vie quotidienne.

Les animaux

Issu de la cosmologie chinoise et appliqué dans la médecine chinoise comme dans certains arts martiaux, le système des cinq mouvements, cinq éléments ou WǔXíng (五行) [Prononcer Wou Sîng] est un élément clé de notre style.

Représentation des cinq éléments Relation entre les cinq éléments
Feu (火), Terre (土), Métal (金), Eau (水), Bois (木)

Présents dans certains styles de Kung-Fu, ces cinq éléments sont représentés sous la forme de cinq animaux.

Chaque animal possède ses propres caractéristiques engendrant des postures, déplacements, frappes et une génération de la force qui leur sont propres.

Un bon pratiquant doit être capable passer de l'un à l'autre afin de constamment s'adapter au comportement de ses adversaires.

Les cinq animaux Les 5 animaux du Kung-Fu Pak-Mei
Dragon, Léopard, Serpent, Grue, Tigre

Le court trajet

Historiquement, le Pak-Mei a été le tout premier style à appliquer le principe du « court trajet » ou « court chemin ».

Kill Bill Image extraite du film Kill Bill dans lequel Beatrix travaille le court trajet

Ce système consiste à générer une force explosive sans élan, assure la puissance du combattant en toutes circonstances, la vitesse de ses coups (moins de distance à parcourir) et l'imprévisibilité de ses attaques.

Œil de Pœnix L'œil de phœnix (风眼锤) associé au court trajet offre une excellente précision et pénétration des coups.

Les quatre mouvements

Le Pak-Mei s'appuie sur 4 grands types de mouvements permettant de générer une force appelée Jìng (劲) [Prononcer Tsing].

Ces mouvements s'enchaînent et parfois se combinent, offrant au pratiquant une extrême efficacité.

Les quatre mouvements Jìng du Pak-Mei
  • Absorber/Avaler (Tūn 吞)
  • Libérer/Cracher (Tǔ 吐)
  • Émerger/Flotter (Fú 浮)
  • Sombrer/Couler (Chén 沉)

La force interne

De par son aspect taoïste, le Pak-Mei est aussi un style interne et ses positions sont étudiées pour aligner les méridiens du pratiquant.

À terme, une pratique intensive permet au pratiquant de sentir et guider consciemment son énergie interne.

Accessible à niveau avancé, cette force interne, permet au pratiquant d'intensifier l'efficacité de ses coups et de protéger son corps face aux attaques reçues.

Méridiens Représentation des méridiens sur un mannequin

École traditionnelle

Les Écoles traditionnelles

Issues d'organisation anciennes ayant survécu au temps et filtré les principes essentiels de la pratique, ces écoles visent à une amélioration de l'individu sur tous les plans.

Moins immédiat et plus profond qu'une simple pratique sportive, l'enseignement des Écoles traditionnelles est un long cheminement et un combat intérieur qui permet avant tout de se vaincre soi-même.

Ainsi, le développement du corps n'est que l'une des caractéristiques développées dans ces Écoles. D'autres aspects sont présentés dès le départ par la découverte théorique et pratique des philosophies orientales et des principes élémentaires des arts martiaux. Certains concepts plus avancés sont intégrés tout au long du parcours de l'artiste martial.

Ces enseignements avancés ne sont transmis qu'aux élèves suffisamment avancés sur différents plans.

Notre École

Voici quelques points qui nous définissent comme École traditionnelle :

  • La philosophie occupe une place centrale dans notre enseignement.
  • La lignée des Grands Maîtres du style depuis son fondateur Pak Mei est clairement identifiée.
  • L'enseignement (Dharma) est transmis tel qu'il a été reçu. Il peut ensuite être adapté en respectant les particularités et le rythme de chacun afin de lui garantir la meilleure progression possible.
  • Fondamental des arts martiaux, le combat est enseigné et pratiqué à niveau avancé. Néanmoins, cet aspect reste facultatif pour les pratiquants souhaitant se concentrer sur d'autres aspects du Kung-Fu.
Autel traditionnel Notre autel

Notre lignée

L'enseignement de notre École repose sur un savoir ancien qui s'est propagé au fil des siècles par l'intermédiaire de Grands Maîtres, garants de la préservation du style et de la transmission des Arts Martiaux.

Bien que pouvant légèrement varier d'une génération à l'autre, cet enseignement est dit « Orthodoxe » dans le sens où il respecte les principes les plus fondamentaux du Kung-Fu Shaolin décrit par Bodhidharma.

Sans lignée, une École ne peut être qualifiée de traditionnelle, car seuls les Grands Maîtres reçoivent et enseignent les techniques les plus avancées et sont capables de régir la cohérence du style.

Les trois enseignements

Les trois enseignements que sont le Taoïsme, le Confucianisme et le Bouddhisme sont des philosophies chinoises ancestrales qui ont grandement contribué au développement et à la grandeur de la Chine.

Fusionnés au VIe siècle sous le nom de Sān Jiào (三教) [Prononcer Sân Tsiao], ces trois enseignements régissent toutes les sphères de la société chinoise, telles que la culture, la religion ou la philosophie. Selon les périodes et le domaine, l'un de ces trois courants peut dominer les deux autres, néanmoins, il est très rare de voir totalement disparaître l'un de ces aspects.

Les arts martiaux traditionnels chinois ne font pas exception à la règle et, le Pak-Mei, s'appuyant sur ces trois enseignements de façon homogène, nécessite une compréhension progressive du pratiquant, sans quoi, il sera bloqué dans son parcours des arts martiaux.

Le Taoïsme

La philosophie taoïste évolua à partir des premiers écrits traitant du Yi King (Yì Jīng 易经) [Prononcer Yi Tsîng] (livre canonique des transformations) et de la science énergétique, remontant à environ 5000 ans avant J-C.

Cependant, ce n'est qu'aux alentours du Ve siècle avant J-C que Lǎo Zǐ (老子) [Prononcer Lao Dseu] condensa l'essentiel des croyances taoïstes philosophiques et mystiques dans son ouvrage, le Dào Dé Jīng (道德经) [Prononcer Dao De Tsîng], livre de la Voie et de la Vertu.
Ce livre signé Lǎo Zǐ fait de ce personnage le fondateur du Taoïsme. Certains historiens envisagent plutôt l'œuvre comme étant l'assemblage progressif de différentes sources orales.

Lǎo Zǐ Représentation de Lǎo Zǐ

Le taoïsme fut la première véritable science orientale portant sur l'étude de l'univers et des lois qui le régissent. Entre autres, le symbole du Yin et du Yang, expliqua la dualité des forces qui gouvernent l'Univers.

Cette science définit aussi le concept des 5 éléments, associés, entre-autres, à 5 organes chez l'être humain. Le taoïsme proposa ainsi que l'homme (microcosme) était fait à l'image de l'Univers (macrocosme) et qu'il était composé de la même énergie, donc assujetti aux mêmes lois de fonctionnement. C'est grâce à cette réalisation que les taoïstes développèrent un corps de connaissances ainsi que des pratiques spécifiques à la santé et à la longévité.

Le taoïsme fut la source de beaucoup d'enseignements dans les arts martiaux ainsi que la médecine orientale et est aujourd'hui indissociable de la culture asiatique.

Lǎo Zǐ Lǎo Zǐ devant le symbole du Bā Guà (八卦) [Prononcer Ba Goua]

Le Confucianisme

Confucius ou Kǒng Zǐ (孔子) [Prononcer Kong Dseu] (551 à 479 avant J-C) élabora cette philosophie traitant principalement des problèmes de la vie en société et des règles d'harmonie sociale. Il établit les principes moraux d'une société hiérarchisée qui devaient être à la base du bon ordre social.

De son vivant, Confucius n'arriva pas à faire adopter sa doctrine aux puissants rois et aux seigneurs de la guerre, mais ses enseignements furent immortalisés dans son unique ouvrage : Les Entretiens ou Lúnyǔ (論語) [Prononcer Louèn You]. Ses disciples perpétuèrent ses enseignements jusqu'à ce que l'empereur Huáng Dì (黄帝) [Prononcer Rhwang Di] (149 à 87 avant J-C) instaure le Confucianisme comme doctrine universelle de l'empire du Milieu. Ce système politique perdura jusqu'au 20ᵉ siècle.

Confucius Représentation de Confucius

Les enseignements de Confucius définirent clairement cinq rapports relationnels : roi-sujet, époux-épouse, père-fils, frère aîné – frère cadet et ami-ami. Chacun de ces rapports impliquait des règles de conduite morale spécifiques et chaque rôle social était associé à un ensemble de devoirs et obligations à remplir, ainsi que qualités à cultiver.

Le confucianisme influença donc grandement la culture orientale et guide encore les arts martiaux traditionnels grâce à ses principes de hiérarchie, de relation maître-disciple, ainsi que de comportement idéal de l'Homme noble.

Salut Le respect de la ceinture et des grades est l'un des aspect confucéens du Kung-Fu

Le Bouddhisme

Le Bouddhisme est né en Inde au Ve siècle avant J-C. Il se fonde principalement sur trois piliers : un homme, Bouddha (en sanskrit बुद्ध : Éveillé), le Dharma (en sanskrit धर्म : Loi ou Enseignement) et la Sangha (en sanskrit सङ्घ : Communauté).

Siddhârtha Gautama, le Bouddha, vécut en Inde au Ve siècle av. J.-C. Ce dernier était un jeune prince qui, à l'âge de 29 ans, quitta le confort de son palais pour une quête spirituelle et trouva l'éveil 6 ans plus tard, en méditant sous un figuier. Il consacra le reste de ses jours à l'enseignement, jusqu'à sa mort, à l'âge de 80 ans.

Le Bouddha enseigna à ses disciples les Quatre Nobles Vérités : la souffrance, la cause de la souffrance, la possibilité d'abolir cette souffrance et le chemin permettant de l'abolir.

La communauté réunit les religieux et les laïques grâce à un système d'échanges.

Visage de Bouddha Statue de Siddhartha Gautama (Bouddha)

En Chine, c'est presque mille ans plus tard que l'engouement pour la philosophie bouddhiste commençait et, c'est à cette époque que plusieurs temples consacrés aux pratiques et rituels bouddhistes furent construits. Un de ces temples allait plus tard devenir très célèbre : « le temple de la jeune forêt », ou temple Shaolin.

Le Bouddhisme se répandit partout en Asie et façonna la culture philosophique orientale. De nos jours, cette philosophie occupe encore une place centrale dans les arts martiaux issus du système Shaolin.

Théorie Discussion autour des philosophies chinoises

Textes fondamentaux

Affichés au cœur de l’École, dans la salle de pratique, ces textes rappellent aux élèves le sens de leur pratique et accompagnent leur compréhension des philosophies appliquées au Kung Fu.

La règle de Jade

  1. Comprendre l’essence de la vie et de la mort et vivre en conformité avec les lois naturelles qui en découlent par le culte indispensable de la valeur individuelle et de la personnalité Vraie de l’être humain.
  2. Vénérer la primauté de la Grande Voie et, entre autres, respecter et reconnaître l’autorité des Grands-Maîtres et des enseignants.
  3. Promouvoir activement notre philosophie et la belle science des arts martiaux par la Voie Royale, empreinte d’humanité et de tolérance, dans le respect du patrimoine culturel oriental.
  4. Garder l’esprit ouvert à la recherche et à la considération d’autres dimensions éthiques, scientifiques et philosophiques.
  5. Cultiver intensément les sentiments nobles d’amour, de fraternité et de solidarité dans une communion parfaite émanant de soi.
  6. Entrevoir un long cheminement, donc savoir préparer l’esprit par la loyauté, et le corps par la persévérance.
  7. Lutter contre toute cause de déséquilibre de l’ordre naturel et contre toute atteinte à notre discipline philosophique en se gardant d’égocentrisme, de jalousie et de toute discrimination, notamment celles fondées sur la race, le sexe ou la religion.
  8. Éduquer et redresser les autres en tenant compte de leur nature et de leur intelligence.
  9. Vivre dans l’harmonie du ciel et de la terre par la connaissance de la vie et de la mort dans le respect du karma de tous et chacun.

Qu’est ce qu’un maître

Qu’est-ce qu’un Maître ?
Écoutez la question. Observez-vous.

Qu’est-ce qu’un Maître ?
Vers où tournez-vous votre regard ?
Vers l’intérieur ou vers l’extérieur ?

Qu’est-ce qu’un Maître ?
Vers l’extérieur ? Vous cherchez la réponse à l’extérieur…
Alors portez votre regard sur ce Maître, représenté à l’extérieur.

Qu’est-ce qu’un Maître ?
Imprégnez-vous du regard de ce Maître, ce regard qu’il porte sur vous…
sur vous à l’extérieur et sur vous à l’intérieur.

Son regard est empreint de bonté, car il se doit d’incarner les valeurs éthiques les plus hautes ;
plein de compassion, car il sait, pour l’avoir parcouru, que le chemin est long et ardu ;
il est aussi plein d’espoir et de confiance, car il connaît en votre intériorité votre potentiel le plus élevé.

Son regard est aussi exigeant, ferme et déterminé, car il connaît les douleurs de l’enfantement de votre soi-supérieur.

Regard plein de compassion et d’exigence, car il connaît votre double nature, faite de vous, ici et maintenant, imparfait, sur le chemin, illusionné du but hypothétique de celui-ci (l’arrivée illusoire) et votre autre identité, votre potentiel le plus élevé.

Il connaît cette double nature pour lui-même, mais sait que l’arrivée n’existe pas.

C’est un leurre des faux Maîtres, ceux dont le Maître est leur ego, ceux qui mènent par la supériorité illusoire, la hiérarchie pour soumettre vers le bas et non pour porter vers le haut, la transmission pour s’enrichir et non pour dépouiller l’élève de tous ses oripeaux superflus et le grandir de sa nudité.

Le Maître connaît le chemin sans arrivée, car il reconnaît lui-même sa double nature ;
il sait qu’il est un Maître incarné, dans sa pleine puissance, et un apprenant permanent de l’Univers, au service permanent de celui-ci, de ses élèves et de son propre apprentissage.

Il sait qu’IL EST LE CHEMIN, sans arrivée mais avec un départ dans la matière.
Il est le chemin qu’il a à parcourir à chaque instant et le chemin qu’il offre à ses élèves afin qu’ils s’en infusent et trouvent ainsi le leur propre.

Il sait qu’IL EST LA MATIÈRE, de sa pratique et de la leur.
Que l’Univers les façonnera, instant après instant, utilisant leurs corps, matière de leurs incarnations, de leurs apprentissages, puisque tel est Son plan, Son intention, pour les faire cheminer vers ce Soi plus grand.

Un Maître n’est pas là pour asservir, mais pour servir ses élèves dans l’intention pure d’offrir à l’Univers des Êtres accomplis.

Servir ainsi l’Univers lui-même, à travers ces graines, qui vont faire des arbres, qui vont donner des fruits, qui vont voir naître des graines…
Le Maître, dans cette fertilité Yin, offre le meilleur de ses élèves à l’Univers.

Un Maître, dans son accompagnement Yang, accompagne avec fermeté et exigence l’ego vers un renoncement aux désirs et attachements bas, aux formes-pensées et rituels aliénants et obsolètes et l’accompagne à se soumettre à un Plan plus grand, celui du Soi supérieur et du service à la communauté.